Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou renonce. Il a annoncé lundi 21 octobre au soir sur son compte Facebook qu’il renonçait à former un gouvernement après les législatives du 17 septembre, dont les résultats étaient très serrés.
« Il y a peu de temps j’ai annoncé au chef de l’Etat [Réouven Rivlin] que je renonçais à former un gouvernement », a expliqué M. Nétanyahou dans une vidéo qui s’adresse aux « citoyens israéliens ». Il a accusé Benny Gantz d’avoir fait échouer toutes ses tentatives pour former un gouvernement d’union nationale.
Tous les groupes de la Knesset, le Parlement israélien, vont être informés que « le président a l’intention de transférer le mandat pour former le gouvernement, dès que possible, au président de Bleu Blanc, le député Benny Gantz », selon un communiqué des services de M. Rivlin, qui précise que ce transfert doit avoir lieu jeudi.
Vingt-huit jours pour former un gouvernement
M. Gantz, un ancien chef de l’armée, disposera comme son prédécesseur de vingt-huit jours pour remplir à bien cette tâche qui s’annonce d’ores et déjà difficile. Car à l’issue des élections, MM. Nétanyahou et Gantz ont récolté respectivement les soutiens de 55 et 54 élus pour diriger le prochain gouvernement, mais sans atteindre le seuil de 61 députés leur permettant de former une union majoritaire.
« Le temps est venu pour agir », a estimé dans un communiqué le parti Bleu Blanc, lundi soir. Il a affirmé sa détermination « à former un gouvernement d’union libéral » ce qui signifie qu’il cherchera à limiter l’influence des partis religieux dans la formation d’un gouvernement de coalition.
Selon les analystes, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz est susceptible lui aussi d’échouer à former un gouvernement d’union. Dans ce cas, le président Rivlin pourrait demander à une majorité de députés de désigner un candidat. Il a dit à plusieurs reprises qu’il ferait tout son possible pour éviter d’autres élections – qui seraient les troisièmes depuis avril – mais la poursuite de l’impasse politique pourrait les rendre inévitables.
Des négociations bloquées
Le président Rivlin avait mandaté M. Nétanyahou, qui cherche à prolonger son règne, déjà le plus long de l’histoire d’Israël, pour tenter de rallier M. Gantz dans un gouvernement d’union mais les pourparlers n’ont pas abouti.
Lors des négociations des dernières semaines, le Likoud (parti de Benyamin Nétanyahou) a tenté de faire accepter par les centristes de Bleu-Blanc un compromis, élaboré par le président Rivlin, selon lequel MM. Nétanyahou et Gantz occuperaient le poste de chef de gouvernement à tour de rôle. Cette proposition prévoyait que Benyamin Nétanyahou soit le premier à occuper la fonction de premier ministre, mais soit remplacé, dès sa probable inculpation pour corruption d’ici la fin de l’année, par M. Gantz. Mais ce dernier a estimé qu’ayant obtenu le plus grand nombre de sièges le 17 septembre – 33 à Bleu-Blanc contre 32 au Likoud – il devait être le premier à occuper le poste de chef du gouvernement.
Il a aussi affirmé à plusieurs reprises que son parti ne siégerait pas dans un gouvernement dirigé par un premier ministre sous le coup d’une inculpation pour corruption.
Benyamin Nétanyahou, de son côté, a également compliqué les discussions en promettant qu’il n’abandonnerait pas les petits partis religieux de droite qui l’avaient soutenu au Parlement, affirmant qu’il représentait l’ensemble du bloc de droite, fort de 55 députés, dans les négociations. M. Gantz a estimé cette condition inacceptable, car elle le reléguerait à un rôle de partenaire secondaire d’un gouvernement Nétanyahou.
Photo : Benjamin Nétanyahou, à Jérusalem le 25 septembre. Ronen Zvulun / Jérusalem